Blog de Jean-Laurent Redondo – Résolument à gauche

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9 mai 1945 — 9 mai 2025

PUBLIÉ LE 06/05/2025 PAR Jean-Laurent Redondo

9 mai 1945 — 9 mai 2025

Image générée par IA

Les élites bourgeoises de l’Union européenne s’emploient à imposer une vision officielle, tronquée et révisionniste de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Cette entreprise de falsification nie délibérément le rôle central et décisif joué par l’Union soviétique dans la défaite du nazisme. En réécrivant l’histoire au gré de leurs intérêts, elles piétinent les principes mêmes qu’elles prétendent défendre — au premier rang desquels la liberté de recherche historique et le respect des faits. Dès que des intérêts supérieurs de classe sont en jeu, les grands principes sont sacrifiés sans scrupule sur l’autel de l’idéologie dominante.

Ce révisionnisme historique poursuit un but bien précis : effacer tout héritage progressiste, criminaliser la mémoire des luttes collectives et rendre le capitalisme contemporain insurmontable. Sous couvert de « décommunisation », de nombreux pays d’Europe centrale et orientale ont entrepris de criminaliser non seulement le passé socialiste, mais aussi toute alternative au modèle capitaliste actuel. Il ne s’agit nullement d’un retour critique sur le socialisme réellement existant — démarche qui, au contraire, serait pleinement légitime. De telles recherches sont nécessaires, aussi bien du point de vue marxiste qu’humaniste. Ce qu’il faut dénoncer, c’est l’entreprise méthodique de falsification historique, visant non à comprendre, mais à bloquer toute perspective de transformation sociale.

Réduire la Seconde Guerre mondiale à un affrontement entre « totalitarismes » nazi et soviétique participe pleinement de cette stratégie. Ce faisant, on efface la réalité fondamentale : l’Union soviétique a porté l’essentiel de la guerre contre le Troisième Reich. Elle a supporté le poids écrasant des combats, payé un tribut humain incommensurable — environ 27 millions de morts, civils et militaires confondus — et brisé l’appareil militaire nazi à Stalingrad, à Koursk, à Leningrad, puis à Berlin. Sans la résistance acharnée des peuples soviétiques, l’Europe aurait sombré pour longtemps dans l’obscurité fasciste.

Cette réécriture du passé n’est pas seulement une insulte à la vérité historique ; elle est un acte politique conscient. En gommant le rôle de l’Union soviétique, on cherche à effacer l’idée même qu’il a pu exister, dans l’histoire, des forces capables de mener à bien de profondes transformations révolutionnaires — même si, ultérieurement, des dérives dramatiques ont entaché ces processus. L’amnésie fabriquée de toutes pièces par les classes dirigeantes sert à naturaliser l’ordre existant et à interdire l’espoir de toute alternative au capitalisme, conformément au dogme imposé dès les années 1980 par Margaret Thatcher : « There Is No Alternative » (« Il n’y a pas d’alternative »).

En Russie même, le 9 mai — Jour de la Victoire — est devenu l’objet d’une instrumentalisation nationale-conservatrice par la nouvelle classe dirigeante. Le pouvoir post-soviétique célèbre cette victoire pour nourrir une légitimité « patriotique », sans se réclamer des idéaux progressistes pour lesquels tant de Soviétiques ont donné leur vie. Mais l’usage que l’on fait aujourd’hui de cette mémoire ne saurait effacer la portée historique immense du 9 mai 1945, ni le courage de celles et ceux qui ont résisté jusqu’au sacrifice ultime.

Quant à moi, je refuse tant l’oubli que l’amalgame. Ce sont les peuples soviétiques qui ont stoppé la machine de mort nazie, au prix de souffrances inimaginables. Je n’oublie pas que ce ne sont pas « ceux d’en haut », mais la mobilisation de millions d’hommes et de femmes ordinaires, le plus souvent issus des classes populaires, qui ont brisé l’offensive fasciste.

Ce 9 mai 2025, je rendrai hommage aux héroïnes et aux héros de l’Armée rouge, aux combattants et combattantes anonymes, aux peuples martyrisés qui, par leur lutte et leur sacrifice, ont changé le destin du monde. J’écouterai les chants qui leur sont dédiés — des chants de dignité, de résistance et de mémoire — et je me souviendrai que l’histoire appartient à celles et ceux qui osèrent croire, même au cœur de la nuit, qu’un autre avenir était possible.

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Tags : antifascisme, guerre, histoire, idéologie, Russie, Union soviétique

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